mercredi 18 janvier 2012

Zone Euro : CDS, perte AAA & taux d’emprunt à 10 ans

Source : Bloomberg

                        CDS français (graphique du haut)  vs CDS Allemand (graphique du bas)

                             CDS Grec (graphique du haut)  vs CDS Italien (graphique du bas)

En 2011, le mois de juillet marque incontestablement un tournant décisif en Europe puisque c’est la date à laquelle un plan d’aide à la Grèce a été décidé (pas encore mis en œuvre). Pour rappel, les gouvernement de la zone euro ont convenu lors du sommet extraordinaire de Bruxelles le 21 juillet 2011 d'un nouveau plan d'aide à la Grèce d'un total de 109 milliards d'euros apportés par les pays membres de la zone euro et le Fonds monétaire international d'ici 2014. Le secteur privé doit contribuer de manière volontaire, sur la même période, à hauteur de 50 milliards d'euros. 

Juillet 2011 est aussi la date à laquelle les CDS des pays européens ce sont envolés. En effet, la valeur moyenne du CDS Français est approximativement de l’ordre de 75 USD sur le premier semestre 2011 tandis qu’au deuxième celle-ci est proche de 180 USD soit plus du double en six mois seulement ! La défiance des marchés financiers sont l'Europe est donc toujours d'actualité ! Une analogie similaire peut-être effectuée avec les autres pays de l’Union Européenne sur cette même période.

D’après les graphiques ci-dessus, depuis janvier 2012 on peut constater que :

-    La valeur du CDS Français (220 USD)  est 2 fois supérieure au CDS Allemand (100 USD).
-    La valeur du CDS Italien (500 USD) est 2 fois supérieure au CDS Français (220 USD).
-    La valeur du CDS Grec (7 000 USD) est  14 fois supérieure au CDS Italien (500 USD).

Jusqu’à présent la bonne santé économique Allemande (3% en 2011) conjuguée à la suspicion sur les autres pays de la zone Euro (déficit primaire, croissance faible voire nulle ou récessive, fort taux de chômage…) sont autant d’éléments qui ont permis à l’Allemagne d’être considéré comme un refuge fiable en Europe et donc de bénéficier de taux d’emprunt très faible pour se financer (taux inférieur à 2%). En juillet 2011, la France et l'Allemagne ont bénéficié de l'accord sur la Grèce mais aussi de la suspension sur les autres pays européens. Tous ces éléments ont contribué à fortement diminuer le d'emprunt à 10 ans des ces deux pays.


                               
                         10 ans Allemand à des niveaux historiquement faible (pourvu que ça dure..)


                               
                 10 ans Français à des niveaux raisonnables MAIS la faible croissance et
la non diminution des dépenses publics peuvent rendre insoutenable des taux d'intérêts bas même comme 2 ou 3%


10 ans Grec insoutenable, officieusement en faillite, 
officiellement un haircut de 60% est prévu ..pas loin du défaut de payement déclaré
Le 10 ans italien atteint un point critique (7-8%) où il va être extrêmement 
difficile de payer la dette en intégralité

Distorsion de plus en plus marquée entre l’Allemagne et les autres pays de la zone Euro

Depuis quelques mois la pression grandit sur l’Italie et la France. Malgré les profondes réformes que le nouveau gouvernement italien met en place, l’Italie vient d’être dégradée de 2 crans à BBB+ par Standard & Poors. L’Italie passe donc dans la catégorie « A » à la catégorie « B ». La France n’a été dégradée d’un cran à AA+  mais reste dans la catégorie « A ». L’Allemagne conserve son AAA et la mise sous surveillance négative n’est pas (encore) déclenchée. Tant que la situation de la Grèce reste stable, la probabilité que l’Allemagne conserve sa position de leader et valeur refuge en Europe reste élevée. 

Les prochains sont cruciaux puisque beaucoup de pays européens devront emprunter à nouveaux sur les marchés. En mars, la Grèce doit rembourser  14 milliards d’euros. Les taux d’emprunts seront donc scrutés de très près. S’ils sont trop élevés (par rapport au présent ratio dettes/PIB et à la croissance potentielle) alors ces pays qui empruntent ne pourront pas sortir de la spirale infernale de l’endettement et cela les conduira à un défaut pure et simple de leurs dettes. C’est précisément ce qui est en train d’arriver à la Grèce.

« Firewall financier Européen » : qu’en est-il ?

Le FESF (Fonds Européen de stabilité financière) a vu sa note dégradée après que la France a perdu son AAA. La France étant un grand contributeur au fond, si la solvabilité de la France est remise en question alors il en est de même pour sa contribution au fond. Le fond bénéficie donc de la même note que la France à savoir AA+. La capacité de prêts de l'actuel fonds temporaire FESF est de 250 milliards d'euros environ sur une enveloppe initiale de 440 milliards.

 Le  MES (Mécanisme Européen de stabilité) doit succéder au FESF dont la capacité devrait s’établir autour de 500 milliards d’euros. Les fonds se seront disponibles qu’à partir de juillet 2013. Si la perte du AAA du FESF n’a pas d’incidence majeure sur la capacité de prêt initialement définie, il est légitime de se poser la question suivante : y a t-il adéquation entre les capacités d'emprunts de ces fonds et le besoin potentiel de financement des pays européens en difficulté? Pour rappel, la dette Espagnole s'élèvent à plus de 700 milliards d’euros et celle de l’Italie à plus de 1 900 milliards d’euros.