Les derniers chiffres du chômage aux Etats-Unis indiquent un léger recul des inscriptions au chômage. Il s’établit donc à 8.6% pour le mois de novembre. Qu’en est-il vraiment ?
Selon le BLS (Bureau of Labor Statistics) la durée de chômage s’allonge.
Une fois de plus, l’écart entre les chiffres officiels et réels (qui tient comptent de paramètres supplémentaires) est significatif puisque l’on passe du simple au double : selon les chiffres officiels les chômeurs de plus de 27 semaines représentent 4% alors qu’ils sont plus de 7% si on inclut les chômeurs non inscrit au chômage.
Sur les cinq dernières décennies le taux de chômeurs longue durée était relativement bas, la moyenne 1948-2008 est inférieure à 2%. A partir de 2008 ce taux double pour atteindre 4%.
Depuis la crise financière de 2008, la durée moyenne du chômage a progressé de 122% (graphe n°2) ! passant environ de 18 semaines à 40 semaines. Cela démontre bien que le chômage élevé des États-Unis est structurel et non plus conjoncturel comme on pouvait le penser puisqu'il dure.
Phénomène conjoncturel ou structurel ?
La crise obligataire mondiale ne peut que faire qu’empirer la situation. Les politiques budgétaires restrictives sont nécessaires pour réduire le déficit et la dette. Cela passe par davantage d’impôts et de prélèvements donc moins de consommation et moins d’investissement pour soutenir la croissance. Paralèlement la fragilité des banques due à la dépréciation de certains de leurs actifs (ex : dettes d’états, subprimes…) peut engendrer un credit de crunch et limiter l’approvisionnement en liquidité auprès des entreprises et des ménages.
Aux États-Unis on préfère éviter de parler de politique budgétaire récessive, pourtant nécessaire pour résorber la dette, mais plutôt de relance de la croissance. Pour ce faire, la réserve Fédérale Américaine inonde le marché de liquidité. Le problème est que l'argent circule en circuit fermé et reste en possession des banques. Parallèlement la croissance est faible au regard des dépenses ce qui contribue à l'augmentation de l'endettement. Ce qu’il faudrait ? Repenser le modèle économique Américain qui est basé en grande partie sur la consommation (elle-même soutenue par le crédit donc l’endettement). Ces dernières années les Américains ont prit conscience du danger des crédits et préfèrent repousser leurs achats plutôt que de s’endetter davantage. Si la consommation plonge comment soutenir la croissance autrement ? Les leviers sont limités. Il y a les exportations mais elles sont soumises à plusieurs facteurs : coût du travail, parité du dollar avec d’autres monnaies comme l’Euro ou le Yuan.
Chiffres du chômage selon un bureau indépendant :
Taux de chômage aux Etats-Unis entre 1995 et 2011 selon des méthodes de calculs différentes.
- La courbe bleue inclus les estimations chômeurs découragés à court et long-terme (paramètre exclu depuis1994).
- La courbe grise inclus les estimations de chômeurs découragés à court-terme uniquement.
- La courbe rouge représente le taux de chômage officiel.
- Le chômage aux États-Unis est donc deux fois plus élevé que ce qu’indiquent les chiffres officiels. Environ un Américain sur cinq est au chômage en ce moment aux États-Unis.
L’injection massive de liquidité destinée à relancer la croissance :
Depuis la crise financière de 2008 l’impression du dollar est fulgurante, la planche à billets tourne à plein régime ! Pas étonnant donc que le dollar se déprécie. Le maintient des taux d'emprunts à des niveaux proches de zéro contribue aussi à déprécier le dollar US. Si les chinois sont accusés de manipuler leur monnaie, ils ne sont visiblement pas les seuls.
Les États-Unis éprouvent de plus en plus de difficulté à trouver des acquéreurs de leurs dettes. C’est donc la Réserve Fédérale Américaine qui achète les bons du Trésor. La création monétaire permet d'acheter ces obligations et de maintenir à un faible niveau le taux d’emprunt Américain à dix ans.
Une des motivations d’imprimer massivement du dollar US était de fournir suffisamment de cash aux banques pour qu’elles soient en mesure de fournir des prêts aux entreprises pour qu’elles investissement. Pendant la crise financière de 2008, les banques avaient du mal à se financer (crédit de crunch). Elles n’accordaient pas ou très peu de crédit aux entreprises. La réalité est que cet argent créé a été investit par les banques dans les matières premières, marchés actions et autres produits financiers au lieu de profiter aux entreprises. Une autre motivation peut s’expliquer par la volonté de déprécier le dollar pour être plus compétitif, exporter davantage et donc relancer la croissance.
Indice PMI :
L'activité des industries manufacturières s'est accélérée aux États-Unis en novembre, selon l'indice des directeurs d'achats de ce secteur publié jeudi par l'association professionnelle ISM.
L'ISM manufacturier, a progressé de 1,9 point par rapport à octobre, pour s'établir à 52,6%, alors que la prévision médiane des analystes le donnait à 51,0%, en très légère hausse sur un mois.
Le secteur manufacturier est le moteur principal de la reprise économique des États-Unis. Selon les chiffres de l'ISM, son activité progresse sans discontinuer depuis vingt-huit mois.
L’immobilier :
La ville de Détroit (Michigan, Etats-Unis) a fait l’objet d’expropriation colossal lors de la crise des Subprimes, selon les certaines sources un foyer sur vingt a été victime d’expropriation.
Les banques Américaines, qui possèdent une pléthore d’actifs immobiliers invendables, vont jusqu’à les brader pour un dollar US symbolique. L’entretien des maisons coûtent très cher. Les banques préfèrent donc se débarrasser de leurs biens immobiliers puisque les garder coûtent encore plus cher.
Selon le journal britannique Le Guardian, un tiers de la population de Détroit est au chômage, les prix immobiliers ont chuté de 80% ces trois dernières années. Le prix moyen de vente l’an passé était de $7,500 (environ 5.500€).
Selon cette même source, une personne aurait acheté le terrain pour $95 et la maison pour $5. Si Détroit est un cas extrême, l’immobilier reste stable voire en léger recul dans les autres états. Le marché immobilier aux Etats-Unis reste donc fragile.
Le président de la Fed, Ben Bernanke, a suggéré au début du mois de novembre 2011 que l'institution puisse reprendre ses achats de titres financiers adossés à des prêts immobiliers, estimant que ce marché était l'une des clés pour faire accélérer la croissance de la première économie mondiale. Très astucieux de racheter ces titres pour soutenir le marché de l’immobilier…. de quoi dégrader encore un peu plus le bilan déjà mauvais de la Fed…