vendredi 2 décembre 2011

Vers un retournement durable de la politique monétaire Chinoise ?

Largement dépendante de ses exportations, l’économie Chinoise subit les effets du ralentissement économique des occidentaux. Le contexte économique actuel (faible croissance due en partie par la rigueur budgétaire pour faire face à l’explosion des dettes d’états) provoque une chute du moral des ménages et des entreprises. En effet, les ménages préfèrent épargner plutôt que de consommer et les entreprises préfèrent repousser à plus tard leurs investissements ou alors avec parcimonie. Les perspectives de croissance sont revues à la baisse et la visibilité des entreprises n’excèdent pas six mois. Cela impact donc fortement la demande et donc les exportations.


L’indice manufacturier Chinois au plus bas depuis 2009

L’indice PMI (Purchasing Managers Index) est passé sous la barre des 50 en Chine pour le mois de novembre. Un indice inférieur à 50 indique une contraction de l'activité, un indice supérieur à cette valeur correspond à une expansion.

Selon la fédération chinoise de la logistique et des achats (CFLP) l’indice vaut 49 pour novembre alors qu’HSBC a calculé un indice encore plus faible 47,7. En octobre, les exportations chinoises vers l'Union européenne ont reculé à 28,74 milliards de dollars, contre 31,61 milliards en septembre, tandis que celles vers les Etats-Unis ont également diminué, à 28,6 milliards de dollars contre 30,11 milliards de dollars en septembre.

Evolution du PMI Chinois depuis 2008

Il est intéressant de constater que pour le mois de juillet 2010 le calcul d’HSBC suggère un PMI inférieur à 50 alors que selon le gouvernement le PMI est supérieur à 50. A noter également que depuis le début d’année la tendance du PMI est à la baisse.


Changement de cap radical de la politique monétaire ?

Jusqu’à présent la principale préoccupation du gouvernement était de combattre l’inflation. Inflation qui provient notamment des différentes injections de liquidités mise en place après la crise financière pour soutenir la croissance chinoise. Le ralentissement de l’activité manufacturière, bien que faible, montre la vulnérabilité de la croissance. En-dessous de 8% de croissance par an, le chômage augmente en Chine. Cela menace directement la stabilité sociale du pays. Le gouvernement Chinois a donc décidé de diminuer le ratio des réserves obligatoires des banques afin qu’elles fournissent des crédits aux ménages et aux entreprises et contrebalancer la chute de la demande externe. Le ratio des réserves obligatoires est donc passé de 21,5% à 21% donnant ainsi l’accès à 390 milliards de Yuan (environ  $61 milliards de dollar) supplémentaires.

                           Evolution du ratio de réserves obligatoires des petites et grandes banques chinoises sur la période 01/2002 à 01/2011

Les perspectives de croissance en Europe et aux Etats-Unis étant faibles pour les prochains mois voire années, il n’est pas impossible que le gouvernement Chinois continue de baisser le ratio de réserves obligataires voire même les taux d’intérêt pour rendre l’accès au crédit encore plus facile. Si les grandes entreprises chinoises se financent facilement auprès des banques ce n’est pas le cas des petites et moyennes entreprises. Ces dernières doivent trouver d’autres sources de financement dont le coût est plus élevé (exemple : elles se financent auprès de grandes entreprises à des taux d’intérêts prohibitifs). 

Si le gouvernement Chinois met en place une politique monétaire accommodante, elle est moins forte que celle mise en place après la crise financière de 2008. Changement de cap donc, certes, mais léger pour l’instant.  Il s’agit d’un signal fort qui indique que si la situation l’exige, la politique monétaire accommodante sera davantage soutenue.

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