lundi 21 novembre 2011

La défiance des marchés : vers une envolée généralisée des taux obligataires en zone Euro ?


Ce graphique met en exergue la défiance des marchés sur les taux d’emprunt de certains pays de la zone Euro (mes propres annotations sont incluses). En effet depuis le 4e trimestre 2010, les taux Italiens et Espagnols progressent à un rythme effréné +75% en 12 mois seulement pour atteindre la barre symbolique des 7% !

Emprunter à de tels taux, c’est entrer dans une zone critique où le remboursement de la dette devient impossible sur le long-terme quand la croissance est proche de zéro voire récessive. Ce qui est le cas de la zone Euro actuellement. Lorsque ce point de rupture est atteint, le cercle vicieux s’enclenche : la dette n’est remboursée qu’avec de la nouvelle dette encore plus chère. Tant que les investisseurs prêtent l’argent la situation s’empire mais le pays peut continuer à se financer. Le jour où les investisseurs ne prêtent plus, le pays fait défaut : c’est le cas Grec. 

A noter que depuis le 4e trimestre 2011 (soit un an après la hausse des taux Italiens et Espagnols), la France est elle aussi attaquée. En quelques semaines seulement, le taux d’emprunt à 10 ans est passé de 2,5% à 3,8% (+52%).

L'Allemagne quant à elle bénéficie de la confiance des investisseurs qui délaissent l’ensemble des pays de la zone Euro pour investir massivement dans ce qui est considéré comme sûr donc le Bund Allemand (en tout cas à court et moyen terme). Si l’Allemagne entre en récession dans les prochains mois (hypothèse possible), sa notation AAA (note maximale) serait alors attaquée et ses taux pourraient suivre l’envolée des taux des autres pays Européens.

Benchmark du spread entre les principaux pays de la zone Euro et le Bund Allemand.


Spread entre la moyenne des taux de la zone Euro et le Bund Allemand.


Le Spread ou l’écart en point de base entre les taux longs moyens de la zone Euro avec le Bund Allemand progresse de manière exponentielle (+375%) depuis le printemps 2010. Cette date correspond à la période où un plan d’aide à la Grèce a été mis en place. Cet écart reflète le fossé de plus en plus marqué au sein de la zone Euro.

Ces graphiques corroborent l’hypothèse qu’aucun pays n’est durablement à l’abri des marchés financiers. Depuis 2010 on assiste à des mises sous pression en cascades des pays de la zone Euro. Si les pays les plus faibles ont d’abord fait l’objet d’attaques, c’est maintenant au tour des pays plus solides comme l’Italie d'être sous le feu des marchés.

Des pays clés comme l’Allemagne, la France et Italie (si l’on considère la part du PIB sur l’ensemble de la zone Euro et le ratio dettes sur PIB de ces pays) sont le cœur de l’union Européenne. La défaillance d’un de ces pays considéré comme pilier, provoquerait la mise en péril l’existence de la zone Euro.

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